La Séparation, la seule pièce de théâtre de Claude Simon (ici), est représentée au Théâtre des Bouffes Parisiens (jusqu'au 4 janvier 2026) et mise en scène par Alain Françon.
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| Claude Simon, Prix Nobel de Littérature (1985) |
Ce huis-clos, installé dans deux vastes cabinets de toilette séparés par une mince cloison met en scène deux couples en crise : les parents d'un côté (Catherine Hiegel et Alain Libolt), leur fils et sa femme de l'autre (Pierre-François Garel et Léa Drucker).
En toile de fond : l'agonie d'une tante et l'effritement d'une propriété agricole.
La pièce s'inspire fortement du roman "l'Herbe" de Claude Simon (1958).
Le titre "Séparation" est polysémique : séparation entre générations, entre couples, entre vivants et morts, entre soi et l'autre.
Claude Simon travaille ici moins l'intrigue que l'atmosphère : il s'agit moins de "que fait-on", mais de "que ressent-on".
"Tout se passe sous les mots qu'on prononce, comme le tracé d'un ruisseau souterrain est révélé dans les champs par une herbe plus verte" (Claude Simon).
Le décor même (deux toilettes mitoyennes) est emblématique : deux vies, deux générations séparées, mais la paroi étant mince signifie que les vies se frôlent, s'écoutent malgré elles.
Le thème de la mort imminente de la tante, et de l'héritage familial sert de catalyseur : les personnages sont en sursis, confrontés à leur propre fin, à leur propre séparation intérieure.
La pièce suggère que la séparation est inévitable, mais qu'elle est aussi le lieu d'une révélation : ce qui reste quand tout se fissure, c'est le silence, la présence fragilisée, la mémoire...
"La Séparation" est une œuvre complexe et dense qui expose la fragilité des liens humains et l'incessante usure du temps.
Claude Simon fait sentir que la séparation n'est pas seulement une fin, mais aussi un espace de vérité.
Une pièce qui interroge, magnifiquement mise en scène et interprétée .








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