lundi 25 octobre 2010

René Pape en Boris Godounov au Met!

Le metteur en scène Stephen Wadsworth nous a offert en ce samedi 23 Octobre, retransmis en live à Mulhouse, depuis le Met de New York, un Boris Godounov de très haut niveau avec une distribution vraiment excellente, pour l'un des opéras les plus captivants du répertoire lyrique.
L'orchestre était dirigé avec force et une très grande sensibilité musicale par Valery Gergiev.

C'était, d'après les propres paroles du metteur en scène un "immense défi".
Défi relevé et réussi, et comment!

Stephen Wadsworth nous a présenté "Boris Godounov" dans la version de 1872.

A noter que la version de 1870 de Moussorgski avait été refusée (pas de rôle féminin, pas de ballet et rôle principal non tenu par un ténor).

Il passa plusieurs années à remanier son opéra.

Après le décès de Moussorgsky, en 1881, Rimsky-Korsakov réorchestrera l'oeuvre de son ami, ainsi que Shostakovitch en 1959...

Ecouter René Pape, la célèbre basse allemande, dans le rôle titre de Boris, c'est avoir le souffle coupé!

Il incarne avec une vérité époustouflante un Boris rongé par les doutes et le remord : tout l'amour qu'il donne au peuple russe, à ceux qui l'entourent, à ses enfants, ne peut effacer la tache indélébile de l'assassinat du jeune tsarevitch Dimitri.

J'ai été saisi et bouleversé par une interprétation d'une intensité émotionnelle puissante, ayant devant les yeux non pas un acteur, mais réellement un tsar en proie aux hallucinations et à la folie qui s'insinue pas à pas dans son âme tourmentée.

Nous voyons la mort noire et sanglante s'avancer devant nous, inéluctablement, à sa rencontre. Et cela, depuis le moment même, où, hanté par un pressentiment étrange, il accepte la couronne sous les acclamations du peuple russe.

La souffrance et l'ambition d'une nation entière, ravagée par le chaos et la misère, nous prennent aux tripes dans cette oeuvre et dans cette production, où l'Innocent fait écho de façon dramatique, de par sa lucidité exacerbée et ses plaintes déchirantes à la confusion mentale hallucinée de Boris.

René Pape a interprété avec brio, force, puissance et sensibilité les rôles marquants du répertoire lyrique de basse : Philippe II dans Don Carlo de Verdi, Mephistophélès dans le Faust de Gounod, Sarastro dans La Flute enchantée, Fasolt dans l'Or du Rhin de Wagner, etc...

Ecoutez un René Pape bouleversant dans la méditation solitaire de Philippe II "Ella giammai m'amo" dans la partie finale du Don Carlo de Verdi, en version orchestrale :


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