Je viens d'assister hier soir à une représentation absolument excellente de la fameuse pièce de Harold Pinter (Prix Nobel de Littérature 2005): "Trahisons".
C'est la 4° fois que je vois cette pièce, vue avec d'autres mises en scène et d'autres acteurs (2 fois à Avignon et une fois à Paris, au Théatre de l'Atelier), mais j'ai été enthousiasmé par la représentation d'hier soir au "Lucernaire" à Paris.
C'est la 4° fois que je vois cette pièce, vue avec d'autres mises en scène et d'autres acteurs (2 fois à Avignon et une fois à Paris, au Théatre de l'Atelier), mais j'ai été enthousiasmé par la représentation d'hier soir au "Lucernaire" à Paris.
C'est la Compagnie "Demain on déménage", de Paris, qui a monté cette pièce.
Traduction et adaptation Eric Kahane. Mise en scène de Mitch Hooper, qui a été l'assistant de Pinter et avait déjà participé à la création de "Trahisons"par David Leveau au Théatre de l'Atelier (Celle que j'avais vue et qui était très juste aussi).
Le décor, à peine évoqué (meubles recouverts de draps blancs, aux formes incertaines) est juste là pour souligner efficacement le jeu des acteurs.
Ce ne pourrait être qu'une "simple" histoire d'amour, de mariage et d'adultère. Mais cela va plus loin, vers la mise en évidence de profondes vérités psychologiques, comme sait si bien le faire Pinter.
Les comédiens sont justes, retenus, sensibles ; un jeu subtil!
C'est admirablement bien joué par Delphine Lalizout (Emma), une femme qui perd ses repères et s'enlise dans les faux semblants, déchirée qu'elle est entre deux hommes et ses propres désirs, déboussolée de n'avoir été vraiment retenue par aucun des deux, Anatole de Bodinat (Jerry), qui cherche à tout prix à communiquer tout en ne sachant plus où il en est, et Sacha Petronijevic qui campe un Robert flegmatique, ambigu, honnête par moments, et à d'autres, plein d'assurance dans le mensonge.
Ce sont de petites démissions au quotidien, une peur de dire, d'affronter les autres, qui conduisent peu à peu à de véritables sacs de noeuds relationnels devenus impossibles à déméler.
Le flash back tout cinématographique utilisé par Pinter au cours de neuf tableaux nous offre une démonstration du pourquoi et du comment des choses : comment en sont-ils arrivés là, comment le passé s'impose avec tant d'évidence au présent.
Pas de jugement de la part de Pinter, mais un constat sur les petites infidélités envers les autres, les petites manipulations insidieuses, qui font la complexité des relations humaines.
Si "Trahisons" il y a, c'est surtout, pour chacun des personnages, vis à vis de soi-même, au jour le jour.
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