mercredi 18 août 2010

Emotion et admiration à Notre Dame de Hambye

Quand le visiteur s'arrête, devant la porterie de l' Abbaye de Notre Dame de Hambye, construite entre 1150 et 1250, le temps s'arrête lui aussi.
Là même où Guillaume Paynel, seigneur, baron de Hambye, déposa les armes en 1145, et décida de fonder une Abbaye, nous devons reprendre notre souffle.

"Qu'il soit connu de tous, présents et à venir, que moi, Guillaume Paynel, de l'avis et du consentement de mes fils Hugues, Foulques, Thomas et Jean, j'ai fondé une abbaye sur mon propre héritage, à Hambye, pour le salut de mon âme, et de celle de mon père, de ma mère et de mes ancêtres...."
Nous sommes en France, dans le Cotentin, non loin de Coutances, en Normandie et sur les bords de la Sienne.

J'ai du reprendre mes esprits en effet, en ce début du mois de Juillet 2010!

Une fois franchi le seuil, j'en avais le souffle coupé : devant mes yeux, dans son écrin de verdure, les ruines d'une formidable abbatiale s'élancaient vers le ciel.
Un jaillissement de fines colonnes, de contreforts audacieux, de volées d'arcs-boutants qui vont se reposer en plein ciel contre les rebords de fenêtres hautes suspendues en plein vent.

Au coeur de l'abbatiale, le ciel normand est toujours au dessus de nos têtes et cet amoncellement de dentelles de pierre suspendues lance comme une prière permanente aux éléments.
Le vertige qui nous prend aux tripes dans cette formidable ruine qui tend ses bras desespérément vers les cieux est accentué par le fait que les bâtiments claustraux tout proches sont en bon état de conservation, comme si les moines étaient toujours là, attentifs à suivre dans la salle capitulaire la lecture de la Règle de Saint Benoît!

Au cours des XII°, XIII° et XIV° siècles, de puissants personnages contribuèrent par leurs dons et leur soutien à l'épanouissement de l'Abbaye : Henri II, Roi d'Angleterre, Aliénor, Comtesse de Salisbury, les Papes Alexandre III, Grégoire X et Clément VI.

L'Abbaye, sous l'impulsion des moines gris, compta lors des ses heures de gloire, jusqu'à 40 personnes engagées dans la prière, le travail de copistes et le travail manuel.

Après une période de relâchement, l'Abbaye connut un second souffle au début du XV° siècle sous l'impulsion de son 18° Abbé, Guillaume Bertaut.

Mais la Guerre de Cent ans, le scandale des Abbés commenditaires au XVI° siècle mettent à mal l'Abbaye de Hambye : le déclin est amorcé!

A la Révolution, terres et bâtiments furent vendus, et, jusqu'en 1850, elle fut saccagée à loisir, mutilée, amputée d'une travée, de son portail et de sa façade.
Les pierres tombales disparurent.
On s'empara de tout ce qui pouvait servir ou être revendu...
La toiture finit par s'effondrer.

Mais en 1860, l'évêque de Coutances arrêta le désastre et fit ériger des piles dans le choeur pour soutenir ce qui restait de l'édifice.

En 1956 le docteur Beck acheta les bâtiments conventuels et les restaura ; puis le Conseil Général de la Manche fit l'acquisition des ruines de l'église.

Dans cette Abbatiale, le roman et le gothique se côtoient, et ce qui reste de l'ornementation rappelle l' austérité cistercienne.

L'église, dont l'étroitesse de la nef accentue encore la verticalité s'ouvre sur le ciel à 21m de hauteur.

Force et puissance se dégagent de ces pierres, qui éveillent en nous émotion et admiration.

Nous sommes là comme devant un mystère : les murs et le choeur s'élèvent comme une prière encore plus forte et poignante dans le vent et la ronde incessante des nuages.

Aucun commentaire: