mercredi 16 février 2011

L'art du bogolan, au Mali

En bambara, la langue la plus utilisée au Mali, bogo signifie la terre, et lan veut dire avec.

Le bogolan est en effet à la fois un tissu teint et une technique.

La toile est constituée de coton tissé (la plupart du temps par les hommes) en bandes plus ou moins étroites, qui sont cousues à la main bord à bord.

La légende veut que la découverte, à une date fort reculée, de la technique du bogolan ait été accidentelle : une femme ayant taché son pagne teint au ngalama avec de la boue du Niger a tenté en vain de le nettoyer, mais la boue avait teinté le tissu de manière indélébile.

La teinture de base est obtenue par des décoctions de feuilles d'un arbre, le ngalama, qui aide aussi à fixer les autres couleurs, sous l'action du soleil.

Le dessin est constitué au pinceau par l'artiste avec de la boue fermentée (bogo).

Pour les parties colorées, qui vont du rouille au brun, il utilise une décoction provenant d'un autre arbre, le mpécou.

Les parties blanches sont obtenues en frottant avec un mélange de lessive et de savon de karité.

Au cours de la fabrication du bogolan, de longs moments de séchage au soleil sont impératifs, et les bogolans sont étendus à même le sol.

L'intensité des couleurs est obtenue par répétion du processus.

Les dessins choisis sont propres à un village, une population, un artiste.

Les motifs sont des scènes de la vie rurale ou des motifs géométriques ou idéogrammes, ou dessins de cauris (coquillages), par exemple.

Créé à base de terre, le bogolan est un objet puissant, chargé d'énergie et de symboles.

L'année dernière j'ai visité à Ségou sur le Niger une fabrique de bogolans et c'était passionnant : maîtrise et savoir-faire des artisans.


Cette année j'ai vu de magnifiques pièces sur certains marchés du Pays Dogon et en particulier à Endé.

J'ai pu faire l'acquisition de deux bogolans : l'un au village secret de Songho, où se trouve la grotte des circoncis (lesquels sont enveloppés dans des bogolans après l'opération); et l'autre à Djenné la mythique, dans une petite boutique gérée par une coopérative de femmes.

1 commentaire:

JCMEMO a dit…

Je vous félicite pour votre série sur le Mali : bien présentée, bien documentée, Bravo !
(Comme chaque année, un retour de Cuba difficile...les amis de là-bas nous manquent beaucoup. La situation est toujours aussi difficile tant dans la vie quotidienne que dans bien d'autres domaines...)
Cordialement
JC