mercredi 31 mars 2010

Histoires de l'arrière pays de Nice

J'apprécie de moins en moins et c'est peu dire, les villes de la Côte d'Azur, de Menton à Nice et Cannes.
Une étroite bande côtière bétonnée et totalement saturée de voitures.
Au point qu'il est très difficile de circuler.
Souhaiter y garer sa voiture relève de "Mission Impossible" et de la crise de nerfs.

Le soleil y a attiré tant de monde que la vie y devient "invivable".
C'est un mirage où le soleil est certes à l'extérieur, mais plus à l'intérieur : individualisme et agressivité deviennent la règle.

Par contre, l'arrière pays est très attachant et reste méconnu du plus grand nombre.

Je demeure amoureux des Hautes Vallées de la Vésubie, de la Tinée, du Var, du Paillon et surtout de la Roya, qui jouxtent le Parc National du Mercantour.

La Haute Vallée de la Roya nous ouvre en plus les portes de la Vallée des Merveilles!


J'apprécie fort les randonnées qui nous font traverser des villages comme Clans, à l'entrée de la Vallée de la Tinée, chargés d'Histoire et d'histoires, telle que celle que je vous livre ci-dessous, appropriée au temps de Carême :


"Une fois, avec ma soeur, je suis allé danser de Carême.
Vous savez, pour aller danser le jour de Carême...

Il y avait au village un piano mécanique.

Ma mère l'a su, elle est allée nous chercher avec la corde du bât de l'âne et, tu sais, sur les jambes!
Elle ne m'a pas ménagée.

Et puis après, le soir, mes frères nous ont dit : ça c'est pas là tout, dimanche, le jour de Pâques, quand les autres vont danser, vous irez garder les moutons.

Je me suis dit : ça, il le dit, mais il le fait pas.
Mais la veille de Pâques, il dit à ma mère : prépares-y la musette que demain matin elles vont garder les moutons.

A sainte-Anne, hein! Il fallait partir à 5h du matin!

Maman a préparé la musette : elle a pris un grand pain, elle l'a coupé, elle a fait une omelette avec du jambon, elle nous a mis ça dans le pain, elle nous a mis une poignée de figues dans la musette et nous voilà parties, toutes les deux, avec ma soeur Thélise, garder les moutons.

Et dans la journée il est venu un orage, mais un orage, tu sais, au mois d'avril, il tombait des gouttes comme ça!
Nous avons vite pris les moutons, nous les avons enfermés et nous en sommes venues.

Voilà que, quand on arrive près du village, il sort, le soleil.
Et je me disais : Mon Dieu si nous arrivons avec le soleil, qu'est-ce qu'ils vont dire mes frères?

Alors nous avons un peu attendu et puis on a dit il faut rentrer.
Quand nous arrivons, mes frères étaient sur la place.

Ils nous ont dit : c'est maintenant que vous venez?
Je me disais, mon Dieu, s'ils savaient que nous avons fermé les moutons que c'était peut-être 2 h !

Et j'ai dit : eh bien! Oui, il a plu et les moutons ne restaient plus, nous en sommes revenues...
Eh ben! Vous resterez encore dimanche prochain!

Le soir, pas dansé, bien entendu.
Nous sommes allées nous coucher.
Moi j'étais comme ça, enflée de pleurer, j'ai pleuré toute la nuit.
Ce que j'ai pu pleurer de pas pouvoir aller danser le soir de Pâques!

Mais je suis plus allée danser de Carême, va!"

Mme Dolla, de Clans , propos recueillis en 1980 par José Cucurullo (Paroles d'un Pays, Editions Serre, Nice, 1983)

2 commentaires:

Francine a dit…

Jolie histoire, bien racontée ....

Anonyme a dit…

Salut Jean-Paul,

On a le conteur; il manque juste la cheminée, les chandelles une paire d'aiguilles à tricoter entre mes doigts et hop! tu nous en racontes plein d'autres comme celle-ci.
Joyeuses Pâques.
Michèle D