vendredi 4 mars 2011

Les mystères de la Grotte de Songho, au Pays Dogon.

Sur notre route de Sanga (au Mali, Pays Dogon) à Ouaigouya (Burkina-Faso), nous nous sommes arrêtés, fin janvier, au village mystérieux de Songho (à la limite du Pays Dogon).

Songho, constitué d'un village et d'une dizaine de hameaux, soit 2000 habitants, était situé à l'origine sur un site refuge en plateau surélevé, d'où les habitants en descendirent à la fin du XIX°, ne craignant plus désormais les razzias des nomades.

On y trouve 5 noms de familles : les Karembé (la famille dominante), les Guindo, les Yanogué, les Dégoga et les Seiba.

Songho est surtout connu pour sa "Grotte des circoncis" et ses mystères.
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Lorsque j'ai visité ce village, j'étais le seul blanc : aucun touriste!
Un villageois m'a accompagné, mon ami dogon faisant la traduction.

La Grotte, accessible par une petite grimpette, dans un chaos de rochers, est en fait une avancée de la falaise.

J'y ai découvert de nombreuses peintures, anciennes, mais restaurées tous les ans, à la symbolique mystérieuse.

On peut voir des peintures sous l'avancée de rochers, sur la photo en haut à gauche, qui indique que l'on approche de la Grotte.

Leurs couleurs sont le blanc (symbole de bonheur et de chair, obtenu à partir d'os broyés), le noir (symbole des aliments, obtenu à partir de cendres), et l' ocre (symbolisant le sang).

Une peinture particulière ( photo à droite)représente les 5 familles de Songho.

Selon un cérémonial extrêmement codifié, les jeunes garçons, par tranches d'âge, sont assis au pied de cette falaise, sous l'avancée rocheuse.

Les plus âgés viennent en premier, chargés de donner l'exemple de la résistance à la douleur aux plus jeunes.

Les garçons sont assis sur des pierres et les circoncisions sont alors pratiquées en série ; la cicatrisation est favorisée par des onguents et des plantes médicinales.

On raconte qu'un serpent, placé à proximité, leur donne du courage et les incite, lors de l'opération de la circoncision, à ne pas bouger, sous peine de morsure...
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D'ailleurs, on peut admirer sur la Grotte (photo en haut à droite), la représentation d'un serpent, qui est le protecteur de la "Grotte des circoncis".

Il parait que pas loin se trouve une autre grotte où est encore pratiquée l'excision des fillettes, et, ça, les locaux ne vous en parlent pas...

Les garçons restent ensuite un mois dans la "Grotte", afin d'être initiés aux mystères par les dessins et les peintures.
Les plus agités sont reclus dans une grotte plus petite, en attendant qu'ils se calment.

C'est le passage de l'enfance à l'âge adulte.

Au moment de la cérémonie de la circoncision, des instruments de musique spécifiques (voir photo) sont utilisés et résonnent jusqu'au bout de la plaine.
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Ces instruments sont entassés dans un recoin de la grotte (il m'a été donné de les voir de près).
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Il est absolument interdit de les utiliser en dehors des cérémonies sous peine d'attirer malheurs et maléfices.

6 commentaires:

JCMEMO a dit…

Tout cet article est passionnant.
Bientôt (mais vous devez être au courant) le Musée du quai Branly va présenter une grande "expo" (plus de 300 pièces) sur l'art Dogon...
Cordialement
JC

le promeneur du 68 a dit…

Oui, je me réjouis à l'avance de cette exposition exceptionnelle!
Du 5 Avril au 24 Juillet.
J'ai souvent eu l'occasion de voir de magnifiques objets dogons au Musée Dapper à Paris, qui vaut la visite. Je pense y aller ce we, étant à nouveau à Paris : expo consacrée à l'Angola.
Cordialement!

Pierre (Champ) a dit…

À lire vos trois dernières notes, cher promeneur, la pertinence du sous-titre de ce blog saute aux yeux.
J'aime le miel au propre et j'aime aussi au figuré celui de Montaigne et le vôtre !
Amitiés

le promeneur du 68 a dit…

Ah! Bonjour Pierre : heureux de pouvoir faire un bout de "promenade" ensemble, à travers d'autres champs!
Amitiés

Anonyme a dit…

Bonjour,
article intéressant qui donne envie d'y aller :)
en effet, comment s'appelle-il cet instrument?

Scheidecker a dit…

Après recherche, il s'agit vraisemblablement d'un "Sistre de calebasse" réservé aux cérémonies de circoncision en Afrique et en particulier chez les Dogons.
Autre nom Wasamba ou Wusamba.

Bien cordialement!