jeudi 3 mars 2011

Iphigénie en Tauride : Susan Graham au Met!

Le samedi 26 Février, j'ai assisté, à Mulhouse, à la retransmission depuis le Met, à New-York, d' Iphigénie en Tauride de Gluck.

C. W. Gluck (1714-1787) avait 65 ans quand il écrivit Iphigénie en Tauride.

Il reste l'auteur célébré d'Orphée et Euridice (1782)

Un contemporain fit remarquer qu'il y avait de nombreux passages très beaux dans cet opéra.
"Il n'y en a qu'un", répliqua l'abbé Arnaud.
"Lequel?"
"L'oeuvre entière!"
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La première de cet opéra eut lieu à Paris en 1779, puis au Met en 1916, et en 2007 avec la même distribution.
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Voila un opéra sévère et sublime, situé dans la Grèce antique.
La famille d'Iphigénie s'est entretuée sauvagement.

Clytemnestre assassine Agamemnon : elle est tuée par Oreste, qui venge ainsi son père.

Iphigénie, devenue prêtresse sur l'île de Tauride, et ignorant tout de ce drame épouvantable, ne peut se résoudre au sacrifice de son frère, fait prisonnier par les Scythes, et tente tout pour le sauver.

Il s'agit là d'un opéra assez intimiste, où les dieux ne sont pas omniprésents pour régler le sort des humains, même s'ils interviennent à la fin pour rétablir l'ordre et la justice.

Nous assistons à l'exposition d'un drame atroce qui aboutit à l'éclatement d'une famille.

La folie est omniprésente : celle d'Oreste, consumé à l'extrême par la culpabilité d'avoir du assassiner sa mère pour venger son père, celle d' Iphigénie, rongée par un conflit insoutenable, celui de devoir sacrifier un homme qu'elle reconnait peu à peu comme étant Oreste, son frère.

Susan Graham (mezzo-soprano) est toute en force et en retenue, absolument magnifique : j'y ai cru et me suis laissé emporter par son jeu, sa présence, sa voix exceptionnelle et sa diction parfaite.

Susan Graham née au Nouveau Mexique (USA) a un répertoire déjà formidable : entre autres, Marguerite dans "La Damnation de Faust" de Berlioz, La Scala 2008 ; Didon dans "Les Troyens" de Berlioz, au Châtelet à Paris ; Charlotte dans "Werther" de Massenet ; Poppée dans "Le couronnement de Poppée", de Monteverdi ; Dona Elvira dans "Don Giovanni" de Mozart ; Rosina dans "Le Barbier de Séville" de Rossini...et aussi le rôle titre dans "La Veuve Joyeuse" de Franz Lehar.

Susan Graham est l'une des chanteuses les plus recherchées de notre époque!

J'ai été séduit par le timbre de sa voix, son incroyable présence sur scène, et l'émotion qui se dégage de son interprétation du rôle particulièrement difficile d'Iphigénie.

Quant à Placido Domingo (ténor), j'avoue ne pas l'avoir trouvé convainquant...peut-être lui-même n'était-il pas convaincu par ce rôle d' Oreste ?
Il ne m'a pas semblé très à l'aise dans ce rôle assez intériorisé et trop "classique" peut-être, par rapport à ses rôles habituels dans des opéras italiens, par exemple.

Sans parler de l'âge, il faut bien le dire : j'aurais aimé un Oreste plus jeune, donc plus vraisemblable...

Paul Groves (ténor), en Pylade, dans un rôle un peu en retrait par rapport à celui d'Oreste nous a offert une grande sensibilité dans l'expression et une diction parfaite.
Chef d'orchestre : Patrick Summers et mise en scène : Stephen Wadsworth.

En résumé, une excellente soirée de découverte d'un type d'opéra plus "classique", auquel je suis moins habitué, étant plus fervent de Verdi, de Puccini, de Donizzetti, de Mozart...

Voir la bande annonce du Met :

3 commentaires:

JCMEMO a dit…

Je n'avais pas retenu cette retransmission du MET.
Je regrette un peu surtout en raison de la présence de Susan Graham : Vue l'an passé (toujours du Met) dans "le Chevalier à la rose" en compagnie de Renée Fleming, une parfaite réussite (à mon avis) tout comme le fut "La Somnanbule" de Bellini en mars 2009avec le duo exceptionnel "Dessay/Flores"...
Dessay que nous verrons (espérons le) dans Lucia trés bientôt.
Amùicalement
JC

le promeneur du 68 a dit…

Oui, attendons Nathalie Dessay dans Lucia di Lammermoor!
Cordialement

Pierre (de "Champ") a dit…

Je viens de la voir en Cléopatre dans le "Giulio Cesare" de Haendel. Elle était physiquement très à l'aise, malicieuse, extravertie, n'en faisant qu'à sa tête; ce qui était tant mieux.